Quand on désire investir 20.000.000 d’euros d’argent public....

Lettre aux présidents de parti et chefs de groupe au Parlement wallon

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Quand on désire investir 20.000.000 d’euros d’argent public, dans une période où les pouvoirs publics sont contraints à la plus grande rigueur budgétaire, il nous semble des plus pertinents de s’assurer que l’investissement rendra réellement les services pour lesquels il a été prévu, qu’il le fera sur un terme suffisamment long pour être amorti, que ses conséquences négatives n’atteindront pas un niveau tel que leur réparation serait hors de prix, que l'ensemble des alternatives ait été analysées et surtout que ces moyens ne seraient pas plus utilement utilisés à d’autres fins.
Wavre – Projet de contournement nord

Madame, Monsieur, 
 
Le projet de contournement de Wavre est un projet ancien qui fait actuellement l’objet d’une demande de permis d’urbanisme. Nous tenons par la présente à attirer votre attention sur les questions qui demeurent en la matière, tant en ce qui concerne la pertinence même de réaliser ce contournement, que les impacts potentiels de ce projet sur la biodiversité, le patrimoine, le paysage, le cadre de vie et paradoxalement la mobilité. 
A quel(s) problème(s) de mobilité ce projet est-il censé répondre ? Le trafic au centre de Wavre ? La saturation de l’échangeur de Bierges ? La congestion de la ZAE ?
La plateforme CNW, qui rassemble onze associations actives au niveau local ou régional, doute que ce projet soulage réellement le trafic au centre de Wavre. Elle souhaiterait que soit objectivée la composition du trafic du centre de Wavre et les heures de saturation. Quelle part de ce trafic est due à la desserte de la ZAE, du centre-ville et de ses écoles, ou au transit vers Bruxelles, etc. ? Rien ne démontre aujourd’hui que ce contournement soulagera le trafic au centre de Wavre. Il pourrait même constituer un effet d’appel pour un nouveau trafic routier important, en provenance de l’échangeur de Louvranges notamment.
Concernant la saturation de l’échangeur de Bierges, si le trafic à drainer est principalement orienté vers le Sud (Namur), quelle pertinence de réaliser un tracé orienté principalement vers l’Est (Leuven) ? La saturation de l’échangeur de Bierges, qui devrait être objectivée, ne pourrait-elle pas être résorbée, au moins partiellement, par des aménagements de celui-ci, en particulier en matière de sécurité ?
Enfin, où se situent précisément les problèmes de congestion de la ZAE ? Et quelles solutions alternatives, moins coûteuses, moins impactantes et plus rapides pourraient être mises en place pour résorber cette congestion ? Y a-t-il eu une réflexion sur l’aménagement de la N4 ?
De nombreuses interrogations demeurent sur la pertinence du projet. Il importe d’y apporter toute la lumière nécessaire avant de prendre une décision irréversible sur ce dossier. En matière d’incidences du projet, le tracé envisagé traversera un site repris à l’inventaire des Sites de Grand Intérêt Biologique (1) et passera également à proximité immédiate de deux autres sites du même type, dont l’un « Laurensart », fait également partie du réseau Natura 2000 et est classé (par la Commission Royale des Monuments, Sites et Fouilles) au titre de patrimoine naturel. La construction de cette infrastructure routière engendrera la destruction d’habitats naturels d’intérêt communautaire.
Selon les informations, non exhaustives, dont nous disposons, près de 350 espèces d’oiseaux, de papillons, de libellules et de plantes supérieures ont été recensées au droit ou à proximité directe du tracé envisagé et sont donc susceptibles d’être impactées par la mise en oeuvre de ce projet. De manière générale, la Vallée de la Dyle constitue un couloir de migration pour l’avifaune. La mise en oeuvre du projet constituera donc un obstacle à la libre circulation de ces espèces migratrices. La fragmentation des massifs boisés de Laurensart et du Bois des Vallées constituera quant à elle un risque important d’isolement des populations d’espèces terrestres.
La majeure partie du tracé est inscrite en périmètre d’intérêt paysager au plan de secteur, particulièrement important selon le Département du Patrimoine de la Région wallonne. De plus, la campagne entourant la Ferme de l’Hosté à Basse-Wavre constitue la dernière percée visuelle depuis l’agglomération de Wavre vers un paysage rural bien conservé, équilibré entre bois et terres agricoles. Le site correspond d’ailleurs à un lieu de balade fort apprécié par la population wavrienne et les promeneurs brabançons. Le tracé du contournement traverse le site de la villa gallo-romaine de Basse-Wavre, d’une valeur archéologique inestimable, l’une des plus vastes villas gallo-romaines connues en Europe. Seule une partie du site est actuellement classée, mais la partie orientale, à l’emplacement du tracé du contournement, reste encore à explorer. Des vestiges de tombelles protohistoriques, d’un cimetière gallo-romain et d’un port fluvial sur la Dyle sont renseignés également à proximité directe. 
Par ailleurs, les études de mobilité (qui se contredisent parfois par leurs chiffres), même la plus récente (2) datant de 2012, ne parviennent pas à réellement prouver qu’un contournement tel que prévu soulagerait la ville de Wavre de ses embouteillages. Pire, cette dernière étude constate que ne sont pas du tout évalués les impacts en dehors du zoning, notamment au niveau de l’échangeur de Louvranges, ou encore de Gastuche, et précise que s’il améliorerait probablement les conditions de circulation dans le zoning, la création d’un contournement ne devrait pas, en revanche, contribuer à inciter à l’utilisation de transports alternatifs à la voiture. Plus grave encore, aucune étude indépendante n’a étudié formellement les alternatives.
Quand on désire investir 20.000.000 d’euros d’argent public, dans une période où les pouvoirs publics sont contraints à la plus grande rigueur budgétaire, il nous semble des plus pertinents de s’assurer que l’investissement rendra réellement les services pour lesquels il a été prévu, qu’il le fera sur un terme suffisamment long pour être amorti, que ses conséquences négatives n’atteindront pas un niveau tel que leur réparation serait hors de prix, que l'ensemble des alternatives ait été analysées et surtout que ces moyens ne seraient pas plus utilement utilisés à d’autres fins.
C’est pourquoi, vu la richesse biologique, paysagère et patrimoniale du site en projet et les conséquences pour la mobilité à d’autres endroits, la plateforme CNW regrette qu’aucune étude d’incidences environnementales n’ait été réalisée, alors même que la pertinence du contournement n’est pas assurée et que les alternatives n’ont pas été étudiées. Elle demande qu’aucune décision ne soit formellement prise relativement à la demande de permis d’urbanisme du projet, avant la réalisation et la publication d’un plan communal de mobilité par la Ville de Wavre, la confirmation de la pertinence du contournement, l’étude des alternatives et des impacts potentiels du projet, à l’échelle de la ville mais aussi des communes avoisinantes, en particulier au niveau de Gastuche (Grez Doiceau).


Les associations membres de la plateforme CNW
Action Environnement Beauvechain, Adesa, Amis du Parc de la Dyle, Comité de Vigilance de Chaumont-Gistoux, Entente Nationale pour la Protection de la Nature, Epures, Fédération Inter-Environnement Wallonie, Groupe Sentiers de Chaumont-Gistoux, Natagora, Plateforme citoyenne de Grez-Doiceau, Versants de la Dyle

1 Selon nos informations, le SGIB de l'Etang de Gastuche n'est plus seulement longé mais également
"rogné" par les bretelles du carrefour/pont avec la chaussée de Louvain.
2 Projet de création d’un nouveau bâtiment de parking sur le site de Wavre-Nord (Permis unique -
Bâtiment n°B39) 03/10/2012 GSK. Nb. Ce projet a nécessité une étude d’incidences.

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