Les Amis du Parc de la Dyle ont pris position contre le contournement


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Le projet de contournement nord de Wavre refait surface.

Cela fait près de 40 ans que nous défendons une zone particulièrement intéressante de la vallée de la Dyle menacée par des travaux routiers.

La zone que cette route serait amenée à traverser présente un intérêt écologique, paysager, archéologique et historique incontestables. Elle traverserait le poumon vert de Wavre : une partie nord-ouest du bois de Laurensart,  la zone de lisière du bois, la partie sud-ouest du bois qui serait recoupée (1). Un  beau paysage vallonné typique du Brabant wallon serait morcelé, déstructuré. Le tracé de la route  traverserait un Chemin de Grande Randonnée (GR 579) et un remarquable chemin creux de grand intérêt biologique. Une large et profonde tranchée diviserait désormais le bois des vallées en deux parties déconnectées, vu l’importante différence de niveau de 60 m entre la plaine alluviale et la crête du versant sud de la vallée de la Dyle.

Une série de sites archéologiques seraient impactés, tels les substructions de la villa romaine du premier siècle après  JC, villa urbana la plus grande de Belgique (2), site archéologique exceptionnel de Wallonie, site classé, et les vestiges du cimetière gallo-romain (3), ou encore les vestiges d’ installations portuaires (navigation sur la Dyle jadis). Le site classé n’est qu’une petite partie du fundus de la villa romaine !

Du point de vue historique, la ferme de l’Hosté, ferme des seigneurs de Wavre (4), est établie à proximité de l’emplacement de leur ancien château (datant du 11e siècle et détruit en 1507).

La route détruirait le cadre de vie (impact acoustique, visuel, pollution) des habitants d’un quartier ancien (antérieur au 17e siècle) et agréable : le Culot (il figurait sur les cartes de Ferraris-1771/1778).

Il en serait de même  pour les habitants du quartier du Bois des Roux, sur la crête de Gastuche, à Grez-Doiceau (la première maison serait  à 100 m de l’échangeur de la RN 25 ).

Elle détruirait des lieux de promenades chers aux wavriens et aux gréziens,  dégraderait des paysages aux abords du Chemin de Grande Randonnée 579. Ces paysages sont magnifiques (5).

Les travaux  impacteraient  la Zone de Protection Spéciale de l’Avifaune européenne « Vallée de la Dyle- Dijleland (5) (8).

Le tracé longerait l’étang de Gastuche (SGIB 2854), en perturbant sa riche avifaune nidificatrice et migratrice (Cygne de Bewick, Butor étoilé, Canard pilet, Canard souchet, Fuligule morillon, Martin- Pêcheur, Phragmite des joncs,…)  Et la vallée de la Dyle est un important couloir de migration de l’avifaune européenne.

Après avoir rejoint la route N268, le tracé du contournement attaquerait le versant opposé de la vallée (versant sud), traversant et scindant le bois des vallées, site de grand intérêt biologique (SGIB 2860), partie du réseau écologique principal) (6).

Ce versant présente également un grand intérêt archéologique (7).

La construction du contournement nord de Wavre nécessiterait d’énormes transports de terre, entrainant des déblais importants, éventrant les paysages (8).

Tout cela porterait atteinte à des zones du plan de secteur Wavre-Jodoigne-Perwez qui devraient être sauvegardées : zones agricoles et d’intérêt paysager, zones forestières, sites classés, sites archéologiques.

(1)            Le bois de Laurensart  est un  milieu de très grande qualité biologique (carte d’évaluation biologique de la Belgique). Hêtraie et chênaie-hêtraie acidophile. Avifaune diversifiée (dont des espèces protégées par la directive européenne Faune-Flore-Habitats).

            L’inventaire botanique réalisé par Gisèle Weyembergh (août et                septembre 2014 ; avril 2015) le long des 5,5 km d’une                                           excursion sur une partie du tracé du CNW, recense 215 espèces                de plantes vasculaires. Parmi celles-ci 52 espèces sont des                          indicatrices de forêts anciennes (score élevé pour notre                                     région !)  Cette proportion importante d’espèces liées aux forêts             anciennes correspond au parcours aux lisières du bois de                          Laurensart, bois « historique » (cf la carte de Ferraris, 1771-                  1778), et dans les chemins creux avec talus boisés résiduels                               alentour. Cela indique la valeur patrimoniale et le rôle de refuge                biologique de la forêt et de ses lisières constituant le réseau                 écologique brabançon. La diversité floristique y est                                        particulièrement importante.

             Le tracé de la route du contournement créerait une                                       fragmentation du couvert forestier et de sa lisière (tranchée                      d’une  très  grande largeur  entre les deux crêtes de talus,                               compte tenu du relief du versant). Soit la perte d’une superficie              de forêt et une barrière biogéographique ; (la fragmentation des           milieux naturels avec perte de continuité et disparition des                 connexions entre les espaces verts enclavés est une des causes                principales de l’érosion actuelle de la biodiversité ; par                                 réduction de la superficie et de la qualité des habitats , ainsi que                   de la possibilité pour les espèces de se déplacer d’une zone à                       l’autre selon leurs besoins : recherche de nourriture,                              reproduction, migration…).
(2)            Substruction de la villa romaine de Basse-Wavre : la villa fut construite au 1e siècle après JC (vers l’an 50) par un haut dignitaire de l’empire romain. Elle fut exhumée en 1904, mais les fouilles furent refermées au cours de la guerre 14-18 pour remettre le terrain en culture. La villa comprenait 52 locaux. Les substructions s’étendent sur une longueur d’environ 150 mètres. Neuf des locaux étaient bâtis sur hypocauste. Pavements en mosaïques, murs revêtus de marbre.

(3)            Le cimetière des habitants de la villa avait été établi sur une hauteur voisine, au bois du Bock, et au bord du ravin dénommé le Pappendael, à 800 mètres au nord-est de la villa, dans la direction du village d’Ottenbourg (J Martin 1977). Il existe une petite nécropole gallo-romaine à la limite des territoires de                   Wavre et de Grez-Doiceau en contrebas du bois de Laurensart, dans le vallon. Des tombelles de la période Halstattienne, vers 650 avant JC, se  situent à la pointe du bois de Laurensart.

(4)             La ferme de l’Hosté, jadis ferme des Ducs de Looz-Corswaren, seigneurs de Wavre, fut établie à proximité d’un château déjà mentionné en 1170 et détruit en 1507. La ferme est un quadrilatère homogène du deuxième tiers du 18e siècle, bel exemple de la « cense  wallonne ». L’origine de la ferme remonte au 11e siècle.

(5)             Le mélange harmonieux de massifs boisés, de prairies et de champs sur une topographie vallonnée rend ces paysages particulièrement intéressants. Or la nouvelle route défigurerait le paysage sur de longs tronçons de la promenade du GR. Dans le bas  du versant, du bois de Laurensart jusqu’au pont sur le chemin de fer, l’important  remblais (de 13 m de haut et 60 m de large) couperait la vue dans le fond de la vallée.

(6)             Le bois des vallées (Site de grand intérêt biologique) est constitué de divers boisements feuillus, chênaies-boulaies et hêtraies acidophiles, de milieux semi-naturels ouverts : landes sèches à Callune (milieu naturel communautaire prioritaire), pelouses sur sable. La flore et la faune y sont diversifiées (Taymans, J, 2006). Ce bois aurait dû être classé site Natura 2000. Ce bois historique  figure sur la carte de Ferraris (1771-1778).

(7)            Il existe huit tombelles de l’époque Halstattienne (ancien âge du fer) à la bruyère Saint-Job et dans le bois des vallées entre basse-Wavre et Dion-Le-Val, ainsi que d’autres sur la crête de Gastuche à Grez-Doiceau. Ces « sites archéologiques » (SA) figurent sur la carte du plan de secteur Wavre-Jodoigne-Perwez.

(8)             Terrassement important en raison du relief : du côté du versant nord entre la Noire Epine et l’étang de Basse-Wavre, 70 mètres de dénivellation (de 110m à 40m d’altitude), relief vallonné, chemins creux tel le fameux chemin creux  appelé « Chaussée du bois de Laurensart ». La route en déblai nécessiterait  une tranchée large  et profonde. La route serait ensuite en remblais jusqu’au pont du chemin de fer (grande largeur  de l’emprise au sol du talus qui recouvrirait des terrains  d’une qualité écologique importante ; prairies humides avec flore et faune caractéristiques, aulnaie humide .

            Mais aussi, cet énorme remblai qui recouvrirait la zone humide               risque, malgré les précautions techniques proposées, de couper                 l’alimentation en eau du Marais de Laurensart (site Natura 2000              renommé) .                                                          

            Or, tout ce tracé se situe dans la Zone de Protection Spéciale de                l’Avifaune européenne « vallée de la Dyle », reconnue en 1989              en application de la Directive européenne 79/409/CEE  sur la                             protection des oiseaux. Une des zones noyaux de cette Z.P.S.est          le marais de Laurensart  tout proche, site Natura 2000 et site                         classé, d’un haut intérêt biologique.

            

            Du côté du versant sud, 60 mètres de dénivellation, d’où des                    déblais importants dans le bois des vallées, de gros transports         de terres augmentant le coût des travaux, des paysages                                          éventrés, des emprises  importantes dans des milieux de grand                 intérêt biologique. Il en  résulterait de nouvelles barrières                         biogéographiques.

 

 

En ce qui concerne la mobilité

Le contournement nord de Wavre ne soulagera pas la circulation dans Wavre.  La circulation dans le centre de Wavre est plus dense le jour du marché et durant la période scolaire, lorsque les parents conduisent leurs enfants dans les nombreuses écoles.  Des communes voisines viennent les clients pour les commerçants du centre. Il s’agit toujours d’un trafic radiaire. (La circulation de transit pur dans Wavre  serait de seulement  85 véhicules à l’heure de pointe entre 8 h et 9 h du matin).

 

Pour le trafic externe, pour le trafic de transit venant de Grez-Doiceau,  de Hamme-Mille, de Louvain, de l’est et du sud du Brabant Wallon, nous avons déjà le contournement sud, c’est à dire la RN 25 qui permet un accès à l’autoroute E 411.

 

Pour l ‘emploi et le développement du zoning nord, il existe déjà un accès direct du zoning à la E 411. Cet accès pourrait  être amélioré dans le cadre de plusieurs solutions alternatives.

 

Des propositions de solutions alternatives sont proposées par les auteurs du projet pour améliorer la mobilité sur le zoning nord :

- Elargir la chaussée des Collines entre le rond-point Mercedes et le rond-point de la Noire épine. Ces travaux sont actuellement en cours de finalisation.

-Réaliser le projet d’amélioration de la sortie 5 de l’autoroute E411 en passant à 4 bandes de circulation. Projet repris dans le plan d’infrastructures 2016-2019.

-Le projet prévoit la création d’un nouveau pont, ce second pont permettant d’éviter les croisements de véhicules tels qu’ils existent sur le pont actuel de Bierges. ( Le nouveau pont facilitant le flux vers la direction de Rixensart).

-Aménager une nouvelle bande de circulation le long de l’autoroute entre Wavre et Bierges.

-Supprimer l’impact des feux rouges aux croisements Champles/N 257 et/ou au croisement chaussée de Wavre/N 257(remplacés par un ou plusieurs pertuis , soit en dessous du carrefour Champles , soit en dessous du carrefour chaussée de Wavre).

 

Ce projet a été  budgétisé par la Région wallonne pour 7,3 millions d’euros.

 

Une  politique du « tout à la voiture »ne peut que retarder des solutions alternatives de développement durable.

Pour éviter les encombrements de la circulation, le coût énorme d’entretien des routes et l’augmentation des émissions de CO2 avec impact négatif sur le climat, il faut développer les alternatives à l’usage de la voiture et réaliser un changement modal, augmenter l’offre en transport en commun :

-navettes vers les entreprises du zoning  nord à partir des stations de chemin de fer de Wavre, d’Ottignies, de Rixensart.

-amélioration de la connexion du zoning avec le centre de Wavre par navettes et bus prioritaires.

-développer les services des « Confortos » et autres bus rapides avec augmentation de fréquence des trajets.

-aménager les passages à niveau de Wavre, comme le suggère le plan communal de mobilité et la SNCB.

-encourager les politiques d’entreprises en faveur du covoiturage.

            

            En conclusion, il s’agit donc de réaliser d’abord l’ensemble des mesures d’aménagement de la sortie 5 de l’autoroute AVANT  de reconsidérer l’ensemble de la mobilité de la zone. Les solutions alternatives étudiées et déjà budgétisées par la Région wallonne et certaine déjà en cours comme l’élargissement de la chaussée des Collines seront vraisemblablement suffisantes pour fluidifier la circulation dans la zone d’activités économiques du zoning nord de Wavre.

Cela sans destruction de l’environnement et du patrimoine, en tenant compte de la santé et de la qualité de vie des habitants des quartiers qui auraient été impactés par le contournement routier et en économisant 27 millions d’euros.

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