La lettre de la Plateforme citoyenne de Grez-Doiceau sur le contournement nord de Wavre


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Au Collège communal de Grez-Doiceau
Place Emile Dubois, 1
1390 GREZ-DOICEAU


Lorsque chaque matin, sur mon lieu de travail, je bois des yeux le paysage qui s’étend de la ferme de l’Hosté au Bois de Laurensart, je me dis que le ressourcement qu’on en tire, même s’il est difficilement quantifiable, participe à notre bonheur quotidien. Ce n’est pas pour rien que la campagne environnante est identifiée comme Zone d’Intérêt Paysager.

Cette vue où se délimitent parfaitement, une fois n’est pas coutume, urbanisation et campagne, fait l’objet d’analyse paysagère dans bon nombre de classes de première année du Collège de Basse-Wavre. Les jeunes sont amenés à déterminer l’affectation du sol, les lignes de force, à s’interroger sur les raisons qui ont poussé nos ancêtres à planter des bois sur les hauts de versants. La présence de la voie ferrée montre que tout évolue et qu’il serait vain de vouloir figer les choses en l’état dans un accès de nostalgie passéiste. Pas interdit par contre, me semble-t-il, de se poser quelques questions sur le caractère raisonnable des affirmations qui font de ce contournement nord un élément incontournable, si j’ose dire, du progrès social à Wavre.

Un budget estimé à 20 millions d’euros, un montant dont personne ne veut assurer le caractère définitif. Une belle somme, en ces temps où certains des défenseurs acharnés du projet demandent par ailleurs de justifier le moindre centime dépensé dans le champ social. Avec 20 millions, ne peut-on pas trouver de quoi finaliser une série d’aménagements pour favoriser l’accessibilité au zoning nord (sortie de l’E 411, pont de Bierges, chaussée des Collines), ne peut-on pas contribuer aux efforts de GSK en matière de plan alternatif de mobilité du personnel ? Ne pourrait-on pas, avec une petite partie de cette somme, davantage inciter à partager les véhicules, à sécuriser les accès cyclables, à créer des navettes, à moduler des encouragements salariaux pour ceux qui, par leur mode de déplacement, montrent qu’ils sont soucieux du bien-être commun ?


Wavre est une ville désengorgée lorsqu’il n’y a pas école et les parents n’utiliseront pas le contournement nord pour conduire leurs enfants dans des institutions situées à proximité du centre. A qui servira donc cette nouvelle infrastructure ? Le zoning nord ne peut plus accueillir que quelques entreprises et l’estimation des futurs 300 emplois à créer ne justifie pas la construction d’une route coûteuse, sur le plan économique et en matière d’ éco-système. Le maigre pourcentage d’employés venant de l’est du Brabant wallon, qui pourraient gagner 10 minutes (des chronométrages ont été effectués en heure de pointe à partir du rond-point de Grez) sur le trajet automobile s’ils veulent se rendre à leur boulot dans le zoning ne suffit pas à faire pencher la balance.

Par ailleurs, comme cycliste quotidien, je peux témoigner que dans un contexte de civilité globale des automobilistes, il reste quand même aventureux de franchir des ronds-points : les priorités divergent selon les lieux ! Avec le contournement nord, deux nouveaux giratoires verraient le jour sur la chaussée de Louvain à l’entrée de Wavre. Pense-t-on ainsi encourager les parents à laisser leur progéniture tenter l’aventure de se rendre à l’école à vélo ?

Tout le monde en convient désormais : en matière de création de routes, ce qui semble contribuer sur plan à débloquer un embouteillage ne fait en réalité que le déplacer un peu plus loin dans un contexte général de saturation d’un réseau bodybuildé qui, par ailleurs, affiche bien souvent sa vacuité pendant 18 h sur 24, réseau qu’il faut entretenir aux frais du contribuable. Tout le monde convient aussi de l’effet d’appel que crée la construction d’une nouvelle voirie et la circulation dans Grez-centre ou à Gastuche ne manquerait pas de croître...jusqu’à ce qu’on envisage un contournement de Grez ? Nous sommes champions d’Europe en matière de densité routière comme en matière d’embouteillages. Un palmarès qui montre surtout un certain aveuglement.

Et si la nostalgie passéiste se nichait dans la tête de ceux qui croient qu’on pourra encore jeter la moitié du parc automobile belge sur les routes entre 7h et 9h et entre 16h et 19h ? Sommes-nous incapables de sortir d’une certaine frilosité politique et de nous projeter dans l’avenir en tenant compte du contexte climatique ? Un contexte que Monsieur Henri de Castries, PDG d’Axa, identifie comme un des trois principaux défis à venir pour son entreprise (Le Monde, 22 février 2014).

Pourquoi ne pas attendre les résultats du Plan communal de mobilité que la ville de Wavre vient d’initier dans le cadre de son Programme Stratégique Transversal? Pourquoi une étude d’incidence pour un parking chez GSK et aucune pour un projet routier qui jouxterait des réserves naturelles ? En matière de contournement nord ne jetons pas l’argent par dessus bord. Pesons le pour et le contre sur le long terme : il y a dans cette voie davantage de bonheur et pas moins d’emplois à créer.

Membre de la plateforme citoyen-grez-doiceau.be
 

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