Contournement de Wavre : une étude ! D’urgence !

Positionnement de Natagora

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Une prise de position de Natagora

Un permis d’urbanisme vient d’être déposé en vue de demander l’autorisation de construire le contournement nord de Wavre. Le projet met en danger des milieux et des espèces protégés, ainsi que des sites d’intérêt patrimonial. Natagora réclame une étude d’incidences sur l’environnement et une enquête publique.

Le monstre du Loch Ness refait surface à Wavre. Depuis les années septante, on l’évoquait. En cette fin d’année, le projet mégalomane du contournement nord de Wavre refait maintenant parler de lui. En effet, l’Intercommunale du Brabant Wallon (IBW) a déposé ce lundi 16 décembre auprès du Fonctionnaire délégué de la Région wallonne la demande de permis d’urbanisme pour la construction d’une route de liaison entre le zoning Nord de Wavre, à hauteur de la Noire Épine, et la N25 à hauteur de Doiceau.

Outre de sérieuses réserves sur la pertinence du contournement en termes de mobilité Natagora considère que ce projet aura des impacts négatifs significatifs sur le milieu naturel, le paysage et le patrimoine. En effet, le projet traverse l’une des zones de la Vallée de la Dyle les mieux préservées de l’urbanisation, aux confins des communes de Wavre et de Grez-Doiceau.

Le tracé envisagé traverse un site repris à l’inventaire des Sites de Grand Intérêt Biologique de la Région wallonne (SGIB), le « Bois des Vallées ». Deux autres SGIB, à proximité immédiate, sont également menacés : « L’étang de Gastuche » et « le Marais de Laurensart ». Ce dernier fait partie du site Natura 2000 de la « Vallée de la Dyle de Wavre à Archennes » et est par ailleurs classé par la Commission Royale des Monuments, Sites et Fouilles au titre de patrimoine naturel.

Le tracé actuel évite les sites Natura 2000. Mais il faut se rappeler que le Bois de Laurensart, ainsi que le Bois des Vallées avaient été proposés par les scientifiques pour intégrer le réseau Natura 2000, pour être ensuite rejetés par les autorités wallonnes, craignant vraisemblablement que ceux-ci mettent à mal le projet routier…

Selon le tracé tel que repris dans la demande de permis, le projet engendrera donc inévitablement la destruction directe d’habitats naturels d’intérêt communautaire, protégés en vertu de la Directive européenne Habitats (Natura 2000) : landes à bruyère dans le Bois des Vallées, prairies humides à grandes herbes dans le fond de la Vallée de la Dyle, hêtraies acidophiles et vieilles chênaies dans le Bois de Laurensart et le Bois des Vallées.

À titre d’exemple, le projet routier est susceptible d’avoir un impact significatif sur l’alimentation en eau du Marais de Laurensart, un site Natura 2000. En effet, le tracé détruit les forêts alluviales à aulnes glutineux et frênes communs, habitat prioritaire, présentes dans la zone de sources de ce Marais, située au nord du chemin de fer dans le prolongement de la Chaussée de Longchamps. Or ce sont ces sources sont à l’origine de la nappe phréatique alimentant le marais de Laurensart situé en aval.
Par ailleurs, la fragmentation des massifs boisés de Laurensart et du Bois des Vallées constituera quant à elle un risque important d’isolement des populations d’espèces terrestres (mammifères, batraciens, reptiles, etc.) et une détérioration de l’habitat des espèces d’oiseaux.

Parmi les espèces menacées par le projet, citons notamment le Castor d’Europe présent sur la Dyle, le Martin-pêcheur d’Europe, la Bécassine des marais, la Locustelle tachetée, la Chevêche d’Athéna, le Lézard vivipare, l’Orvet fragile, l’Érythrée petite centaurée et la Balsamine des bois.

D’un point de vue paysager, la campagne entourant la Ferme de l’Hosté à Basse-Wavre constitue la dernière percée visuelle depuis l’agglomération de Wavre vers un paysage rural bien conservé, équilibré entre bois et terres agricoles. Le site correspond d’ailleurs à un lieu de balade fort apprécié par la population wavrienne.


Du point de vue archéologique et historique, le tracé traverse le site de la villa gallo-romaine de Basse-Wavre, dont la valeur archéologique est inestimable. Il s’agirait de l’une des plus vastes villas gallo-romaines connues en Europe, dont les soubassements sont encore bien préservés. Seule une partie du site est actuellement classée par la Commission Royale des Monuments, Sites et Fouilles, mais la partie orientale, à l’emplacement du tracé du contournement, reste encore à explorer. Des vestiges de tombelles protohistoriques, d’un cimetière gallo-romain et d’un port fluvial sur la Dyle sont renseignés également à proximité directe.

La question de l’utilité de ce projet est donc centrale. Ce contournement est-il vraiment nécessaire pour résoudre les problèmes de mobilité de l’agglomération de Wavre? Toutes les alternatives ont-elles été envisagées?


Natagora est persuadée que d’autres solutions existent afin de résoudre les problèmes de mobilité de l’agglomération de Wavre, essentiellement dus à l’activité scolaire et commerciale du centre-ville et que l’accessibilité au zoning Nord de Wavre doit aussi pouvoir s’envisager sous tous les angles (modes doux et lignes de bus régulières depuis les gares de Wavre et Ottignies).

À ce stade, vu la richesse biologique, paysagère et patrimoniale du site en projet, nous demandons qu’une étude d’incidence sur l’environnement soit réalisée. Elle permettra de procéder à l’inventaire complet de la faune et de la flore, étudier les impacts potentiels du projet de contournement sur celles-ci et proposer des pistes de solutions pour éviter, diminuer ou compenser ces impacts. Cette étude nous semble indispensable afin que les autorités compétentes puissent prendre une décision relative au permis en toute connaissance de cause.

En période de disette budgétaire, des alternatives au contournement permettraient en outre d’épargner les dizaines de millions d’euros nécessaires à la construction d’une énième nouvelle route.
 

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