Réponse d'un citoyen grézien à l'enquête publique


Mots-clés : ,

Madame, Messieurs,

Puis-je vous suggérer de contribuer à l’abandon de ce projet désuet de contournement nord de Wavre et d’utiliser les fonds alloués à sa construction à des fins plus utiles et autrement urgentes en matière de mobilité?
Sans contester l’utilité de la phase des travaux déjà entamés qui vise à améliorer l’accessibilité du zoning nord à partir de la sortie de Bierges, il me semble que d’autres chantiers bien plus urgents que la liaison zoning nord/N25 mériteraient l’attention en matière de circulation automobile.  Pour ne citer qu’eux : le creusement d’un tunnel sous le rond-point entre la N25 et la N4 à Mont-St-Guibert et l’entretien du réseau routier en général. Ces améliorations concerneraient davantage d’usagers et viseraient l’intérêt général.

Ces fonds, économisés en bon père de famille prévoyant, pourraient aussi être dépensés, pour une petite partie, dans la création d’une liaison vélocipédique entre la gare de Basse-Wavre et le zoning nord, liaison qui, sous la forme d’une double bande étroite bétonnée sur le côté ouest du Bois de Laurensart, donnerait un accès sécurisé et privilégié tout en préservant le Site de Grand Intérêt Biologique contigu.  Cette piste s’inscrirait aisément sur le tracé de sentiers existants : les promeneurs et les élèves joggeurs du collège tout proche y trouveraient leur compte. On pourrait aussi, le cas échéant, y faire passer de petites navettes électriques qui desserviraient les entreprises du zoning.

Projet désuet, ce contournement nord, car à l’heure où 15000 scientifiques viennent de sonner l’alerte en matière de climat et de biodiversité, chaque acte posé localement à l’encontre du bien-être futur de l’humanité engage la responsabilité de ceux qui l’autorisent. Est-ce encore pertinent et éthique d’encourager la disparition de terres agricoles, de perturber des maillages écologiques pour faire gagner 5 minutes à quelques automobilistes, trois heures par jour et 182 jours par an ? 182 jours, car en dehors des jours scolaires, le trafic se fait bien plus fluide sur le réseau routier wavrien.

Nous sommes déjà champions d’Europe pour le pourcentage de sol consacré à la mobilité automobile : 60% de plus que nos voisins hollandais qui ont une densité d’habitants pourtant supérieure à la nôtre !  Alors, encore une balafre de plus dans un paysage magnifique ? Sans compter deux vastes ronds-points sur la N268, obstacles dissuasifs supplémentaires pour les élèves cyclistes entrant à Wavre par l’est ? Obstacles supplémentaires, car, de ce côté-là,  l’entrée cycliste dans Wavre est loin d’être sécurisée.

La balafre infligée à ce paysage peu ordinaire découperait ou longerait trois sites de grand intérêt écologique de même que celui de la villa gallo-romaine de Basse-Wavre. Or, ainsi que le dit le Schéma de Développement de l’Espace Régional  au début de son chapitre VII :
La biodiversité est en régression, en raison notamment de l'évolution des modes d'occupation et d'utilisation du sol. Les habitats naturels nécessaires à la survie des espèces végétales et animales sont de plus en plus isolés et menacés de disparition. La sauvegarde et la restauration du réseau écologique est devenue une priorité. Pour rappel, le SDER est quand même censé orienter le développement régional…
Conséquence supplémentaire directe : un flou jeté sur la nette limite actuelle entre ville et campagne, à hauteur de la Ferme de l’Hosté, avec, à moyen terme, une extension de l’urbanisation diffuse et de ses nuisances, elle aussi contraire à l’esprit des prescriptions du Code du Développement Territorial.
Ce dernier, dans son  Evaluation des incidences des plans et schémas, décrète : La mise en œuvre des procédures prévues (…) a principalement pour but
1° de protéger et d’améliorer la qualité du cadre de vie et des conditions de vie de la population, pour lui assurer un environnement sain, sûr et agréable;   (…)
4°   d’assurer un niveau élevé de protection de l’environnement et de contribuer à l’intégration de considérations environnementales dans l’élaboration et l’adoption des plans ou des schémas susceptibles d’avoir des incidences non négligeables sur l’environnement en vue de promouvoir un développement. (CoDT, art. D.VIII.28)
Comment justifier un tel écart, loin d’être indispensable ?

Le contournement nord favoriserait l’emploi ? Le site http://lescontournementsroutiers.be démonte rationnellement cette affirmation. Si on cherche à développer l’emploi,  pourquoi ne pas l’investir dans la qualité du réseau ferroviaire et de sa desserte, voire, comme Glaxo Smith Kline, dans l’encouragement du vélo (électrique à terme?) à destination du personnel ? De l’emploi local et durable : d’une pierre deux coups.
Cette option qui  privilégierait des modes de déplacement durable aurait l’avantage de préserver les services éco-systémiques du site actuel. Parmi ceux-ci, inutile de refaire l’inventaire des biotopes traversés ou longés par le projet, tout le monde convient de leur richesse exceptionnelle. Est-il aussi besoin de signaler le rôle de tampon que le couvert boisé exerce en cas de fortes précipitations ? Cet effet absorbant sera entamé par l’asphaltage qui, lui, précipitera sans frein dans la Dyle un  cubage d’eau supplémentaire conséquent. Par contre, l’aspect ressourçant de ce paysage empreint d’une calme beauté n’est pas assez souligné : nombre de décideurs, prompts à s’extasier devant des panoramas exotiques lors de leurs vacances lointaines, ne mesurent pas suffisamment, après avoir réendossé leur costume de travail, le rôle apaisant et antidépresseur des paysages locaux pour les riverains, les travailleurs proches, les touristes et les nombreux cyclistes, venus de Flandres notamment. Evidemment, plus nos paysages proches seront amochés, plus on voudra s’en éloigner à grandes louches de CO².

La décision de construire ce projet ruineux financièrement et écologiquement enverrait un signal négatif à tous ceux qui envisagent de modifier leur mode déplacement. Elle constituerait un appel d’air tout temporaire à l’utilisation individuelle de l’automobile en heure de pointe. Cette route inutile érigerait son totem suranné au travers d’une nature préservée, comme un dernier et vain défi aux changements de comportement à soutenir.










 

D'autres informations similaires




 
Modèle several3 par Net-Tec Internet Solutions Adapté pour ViaBloga par Alexandre Fontenaille.